mardi 13 avril 2010

Le ski de fond, une passion !

Le Parc naturel régional du Queyras, qui vient tout juste d’obtenir le renouvellement de son label pour 12 ans, a depuis sa création en 1977, toujours soutenu le ski de fond.
Il reste actuellement le moyen le plus évident de découvrir une montagne authentique, une montagne harmonieuse où la nature est promesse d'évasion, de rêve et de découverte.
C’est en 1969, juste après les jeux olympiques de Grenoble que le pasteur de Saint Véran, Bernard Gentil, décida de créer le premier centre école de ski de fond de France à Molines en Queyras, avant de lancer l’association nationale des centres écoles et foyers de ski de fond qui a toujours pignon sur rue à Grenoble et œuvre pour la promotion des activités nordiques.
Il y a donc 40 ans, alors que le ski de fond venait de pointer son existence sur les écrans en noir et blanc de la télévision française, il s’implantait sur le territoire du Queyras et permettait aux citadins à la recherche de vraie nature et de bonheur simple de découvrir une montagne intacte où les hommes conservent les mêmes valeurs d'hospitalité, d'accueil et de chaleur humaine. Une montagne préservée fière de sa diversité.
Les anciens « mordus du ski de fond » avaient fondé un ski club qui organisait des séances de travail technique, de l’entraînement et des randonnées dans les vallées du Queyras. Il y avait le côté sportif et le côté découverte.
Les actions primordiales étaient de promouvoir et coordonner les initiatives tendant à favoriser le développement du ski de fond. Ainsi dans les années 70 deux courses de ski de fond existaient sur le territoire. Une dans la vallée des Aigues à l’initiative de Roland Preiss et Georges Marrou (membres du Ski club Queyras) et l’autre à Abriès, le long du Guil, organisée par Jacques Mathiau et Jacques Villot de l’association ski du haut Queyras (ASHQ)
C’est au sein même du ski club Queyras où se retrouvaient les pionniers du ski de fond qu’est née l’idée de lancer la traversée du Queyras en 1976, épreuve mythique qui pour la première fois ralliait 6 communes dans une dynamique nordique malgré les réticences et les critiques de certains.
Ainsi plus de 30 ans après, cette course connaît toujours autant de succès et regroupe des champions ou des débutants courageux, des jeunes de tous âges, des hommes et des femmes. Elle possède la caractéristique totale d’être une vraie course populaire soutenue par un grand nombre d’élus dont Joëlle Ocana, Maire d’Abriès, ainsi que l’entraîneur principal du ski club Queyras, Henri Ocana.
Ce qui est remarquable, c'est que cette course engendre toujours des nouveaux partenaires et que les jeunes entraineurs du Ski Club Queyras (Arnaud et Nicolas Barbesier , Guillaume Humbert…) ont eux aussi compris que c'était une histoire éternelle et que c'était maintenant à eux de continuer à faire vivre cette manifestation. Il y a dans tout cela quelque chose de troublant qui démontre que le ski de fond et le Queyras c'est vraiment une passion.
Au cours des années 80, après 9 ans d’existence, l’association nationale des centres écoles de ski de fond (ANCEFSF) regroupait 150 structures dont 8 dans le Queyras :
La Maison de Gaudissard à Molines
La Sagne à Saint Véran
La Vie Sauvage à Prats Haut
La Maison de la Nature à Abriès
La Roche Longue à Saint Véran
Peyre Belle à Molines
UCPA de Saint Véran
Hobereau le Cognarel à Molines

La dynamique générée par toutes ces structures allait intensifier l’image d’un Queyras paradis du ski de fond dans un parc naturel régional exemplaire.
Respect de la nature mais aussi respect des hommes qui y vivent et qui la soutiennent.
Les skieurs de fond ont toujours recherché la communication en solo avec une nature intacte et c’est aussi pour cela que les pistes de skating généralisées à outrance ont fini par éloigner les amoureux du ski « talon libre ».
Un outil de développement rural, un mode de loisirs pour tous :
Comme aime le présenter Jean Lou Botta, Directeur de Hautes Alpes Ski de fond.

L’activité ski de fond n’est pas structurée sur un schéma commercial comme le ski alpin pour les raisons suivantes :
Culturelles : avant 1968 le ski de fond n'était pratiqué que par les douaniers ou les militaires. Il ne fallait pas d'outils spécifiques pour préparer les pistes. La pratique était confidentielle.
Sociétales : la vague post-soixante huitarde s'est caractérisée par un retour à la nature, un besoin de grands espaces et le début des années 70 a marqué le développement du ski de fond touristique. Les exigences des professionnels et de leurs clients ont amené à créer et entretenir des pistes.
Après la création du Parc naturel régional du Queyras, l’ONF fut désigné maître d’ouvrage pour tracer des sentiers de randonnées et des pistes de ski de fond sur l’ensemble du territoire avec la participation active de Jean Morel. On voit poindre à ce moment là l’idée d’une redevance financée par les structures de ski de fond sous l’égide de l’association départementale des structures de ski de fond (ADSF) pour participer au damage des pistes.
Dans le Queyras, « Queyras ski de fond » vit le jour sous la Présidence d’Alphonse Moyrand qui porta pendant plusieurs années l’étendard de cette activité hivernale, soutenue par le District Queyras, l’émanation de la future communauté de communes dont le Président était Siméon Michel (Maire de Molines).
La loi montagne votée en 85 autorisa réglementairement la perception de la redevance pour tous les pratiquants sous le contrôle d’associations départementales de ski de fond.
A partir de cette date, les départements et les collectivités locales ont pu se structurer. Partant du principe que l'on ne pouvait pas faire payer le coût réel des frais engagés et dégager des recettes supplémentaires pour les investissements futurs, ce sont les associations soutenues par les communes ou les communautés de communes qui ont pris en charge l'organisation du ski de fond.

Avec les années 90 le ski de fond se ressource, les clients changent, les organisateurs de tourisme s’adaptent, les pratiques évoluent et enrichissent l’activité.
On voit apparaître clairement 2 techniques qui correspondent souvent à des motivations différentes. La technique classique correspond à celle « ancestrale » de l’alternatif, dans la trace ou les rails. Technique de base obligatoire pour la promenade hors trace mais aussi geste Auguste du fondeur par excellence, « l’alternatif » va connaître une période difficile car concurrencé sauvagement par la nouvelle technique dite « libre » ou plus communément appelée « skating ».

Au cours des années 2000, on peut dire que les techniques spécialisent les usagers des pistes du Queyras. On fait du ski de fond en alternatif, on fait du Skating par ailleurs…..
Mais les touristes, amoureux de la nature, des balades en forêt ou le long des torrents préfèrent de loin les pistes plus étroites moins artificielles.
Ce qui n’empêche pas chaque génération de construire un champion, les Martin, Barthélemy, Goalabré ont portés les couleurs nationales, ils sont tous issus du ski club du Queyras. En tout cas un pays qui génère aussi souvent des champions recèle des qualités profondes, et du coup ce sont tous les habitants qui regardent le « fond » différemment.


Economiques : mais les recettes générées par la perception de la redevance (la vente des " forfaits ") ne dégagent pas suffisamment de recettes. Les frais engagés pour le traçage sont élevés. Aucune structure privée ne prendra le marché en main car les problèmes sont multiples : coût du damage, étendue des domaines, absence de maîtrise du foncier, problèmes de sécurité. L'ensemble de ces raisons à conduit les collectivités locales à structurer et gérer l'organisation du développement du ski de fond ainsi que la sécurité des pistes (arrêté de sécurité dont la commune de Molines fut la deuxième en France à l’exemple de Bessans).

Une fonction sociale :
Le ski de fond participe complètement au développement rural des espaces montagnards. C’est pourquoi, malgré les déficits qu’il engendre, ceux-ci sont compensés par les collectivités locales, donc par l’impôt. Les effets induits sont importants.
Le ski de fond a pour vocation de générer une économie mais c’est surtout un outil de développement adapté aux régions qui cherchent à échapper au tourisme industriel. C’est d’ailleurs le cas de la région Provence Alpes Côte d’Azur qui soutient totalement les activités nordiques sur les espaces de montagne de son territoire.
Mais il n’y a pas d’activités nordiques sans tourisme. L’organisation doit se penser en zones et non plus en kilomètres de pistes. Ce qui compte de nos jours c’est la qualité et la diversité des réseaux, les thèmes de découverte, les espaces ludiques.
Les sites nordiques ne vendent pas la libre circulation dans un espace de montagne, ce qui est proposé ce sont des services qu’il faut couvrir par une redevance plus ou moins élevée en fonction de l’utilisation et du statut du « client », fondeurs, marcheurs à raquettes ou simples piétons. La création de l’espace nordique du Jamberoute à Arvieux est un exemple intéressant d’organisation d’activités nordiques dans le Queyras.
Face aux mutations profondes du marché, il faut sortir rapidement du système de pistes grand format, souvent inadaptées aux belles forêts de mélèze, pour le seul plaisir de quelques sportifs « avaleurs de kilomètres » et répondre à la demande d’une clientèle familiale à la recherche de plaisirs simples dans la tranquillité d’une montagne préservée.

Luc Herry
Administrateur du PNRQ
Administrateur de l’ANCEF